Est-ce bien de vieillir ?

Sur Youtube, je suis tombé sur une retransmission de l’interview de Samuel Etienne d’Alexandre Astier sur sa chaîne Twitch. Je savais déjà qu’on avait le même âge, Alexandre et moi, une comparaison peu flatteuse si je compare nos cvs respectifs mais là n’est pas la question. Je n’ai ni son intelligence ni sa sagesse, mais il n’empêche que nous avons tout de même quelques points communs. Ce truc de dire qu’il expérimente par exemple, moi je parle toujours d’expériences. Le fait de se considérer comme un gamin à 51 ans. Le fait de penser que ses enfants attendront sa mort pour qu’ils connaissent la valeur de ce qu’il leur a apportée. Son rapport à l’ennui et au fait de détester refaire les mêmes choses.

Samuel Étienne a parlé de ces scientifiques qui nous promettent une vie jusqu’à 150 ans, sous les ricanements d’AA qui se voit déjà bien assez fatigué à son âge. Néanmoins, alors qu’il était facilement donneur de leçons dans ses apparitions à la quarantaine, le quinquagénaire au visage un peu plus ridé parle volontiers de ses enfants, d’éducation, de transmission, de temps long, et je me projette dans cette transformation d’énergie qui l’amène à débattre les bras croisés le sourire bienveillant et les remarques dépassées sur le chat, dans la grande posture du “C’est plus pour moi tout cela”.

En évoquant sa saga Kaamelott où les acteurs vont et viennent et surtout vieillissent – ses filles auront pris 20 ans entre deux tournages – il rêve de jouer Arthur avec une tête de vieux, et se félicite de voir la compagnie vieillir avec lui. Une vision à rattacher peut-être à sa culture du théâtre, où les comédiens jouent jusqu’à mourir sur les planches, par opposition au monde du divertissement actuel accusé de jeunisme et de jugement excessif sur l’apparence. Lui qui se voit encore entreprendre de nombreux projets et caser Kaamelott entre eux pendant 20 ans semble être en paix avec son passé et avec son âge actuel.

Nous sommes des grains de poussière dans l’univers. Vanité de croire que notre existence aura une grandeur autre que celle d’enrichir les personnes que nous avons croisées d’interactions, d’émotions, de vécus communs. Portés par des vents solaires, nous avons souvent tous dans le même sens, mais nous sommes tout de même seuls dans l’immensité. Nous sommes fringuants, ou usés par le voyage, mais tous logés à la même enseigne. Le regard que nous portons sur nous et notre trajectoire définit si nous vieillissons bien. Tout le reste n’est que du marketing et du bruit.

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